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Le premier défi du nouveau gouvernement sera le vote du budget 2025 à l’automne. Ce défi est de taille, car le déficit public, déjà égal à 5,5 points de produit intérieur brut (PIB) en 2023, est maintenant estimé à 5,6 points en 2024, à la suite d’une nouvelle hausse non prévue du déficit. Ces chiffres dépassent largement le niveau de 3 % fixé par nos engagements européens. Mais ces derniers ne sont pas la seule raison de réduire notre déficit : il en va de la santé économique de notre pays. En effet, un tel déficit implique une forte augmentation de la dette publique et accroît les risques financiers, et donc de hausses brutales des impôts.
Ainsi, le Royaume-Uni, pourtant libéré de ses engagements européens, a fait le choix de réduire son déficit. Presque partout, l’heure est à la consolidation budgétaire. La question n’est pas de savoir s’il faut réduire le déficit, mais comment le faire sans peser trop fortement sur la croissance.
La leçon qui se dégage de l’histoire de la dette française est que la situation est grave mais reste encore maîtrisable avec une volonté politique forte. La hausse de la dette publique de 20 points à 110 points de PIB entre 1970 et 2023 reflète l’accumulation des déficits primaires (dépenses moins recettes, hors charges d’intérêt de la dette) et non pas un emballement inexorable. Certes, la charge d’intérêt pèse sur la dette, mais cet effet est en moyenne neutralisé par l’effet bénéfique de la croissance. La France garde donc le contrôle de son endettement, mais elle ne peut cependant pas espérer un miracle macroéconomique : pour réduire la dette, il faudra dégager des surplus primaires.
Face au besoin de marge de manœuvre lors de probables futures crises économiques, nous préconisons un excédent primaire d’un point de PIB à moyen terme. Enfin, le défi est d’autant plus grand qu’il faudra financer la transition énergétique et que les dépenses publiques risquent d’augmenter du fait du vieillissement de la population et d’un risque accru de conflits armés.
A quelle vitesse doit-on tendre vers cette cible d’un point d’excédent primaire ? Consolider trop vite pèserait fortement sur la croissance. Consolider trop lentement impliquerait une hausse de la dette, avec un risque pour le coût de financement et la crédibilité de la France, impliquant un ajustement encore plus coûteux demain.
C’est pourquoi nous préconisons un ajustement modéré mais soutenu, avec une réduction du déficit primaire structurel d’environ 4 points de PIB, soit 112 milliards d’euros, étalée sur sept à douze ans. Pour infléchir au plus vite la trajectoire de la dette, l’effort initial doit être plus important, avec un ajustement structurel primaire de 0,8 à 0,9 point de PIB dès la première année, soit environ 20 milliards de baisses des dépenses ou de recettes supplémentaires. L’effort peut ensuite diminuer au cours du temps pour aboutir à l’équilibre du budget primaire en fin de consolidation.
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